2022: l’année de toutes les incertitudes sur le plan économique

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S’il y a une certitude pour l’année 2022, c’est que l’incertitude sera au rendez-vous alors qu’un quatuor unique va jouer du coude pour s’imposer.

« On ne sait pas comment l’économie va réagir et il faudra voir le lien entre un potentiel ralentissement économique en raison du confinement, un taux d’inflation qui demeure élevé, la pénurie de main-d’œuvre et l’endettement des gouvernements »

La première donnée à regarder, la situation sanitaire. Avec le nouveau confinement, un ralentissement n’est pas impossible et certains secteurs continueront à souffrir comme la restauration, le tourisme et les services aux particuliers.

« À la différence de la première vague, les gouvernements se sont largement endettés. Ils n’ont d’autre choix que d’aider ces secteurs, mais il faudra le faire de façon plus ciblée, car il ne faut pas sur-stimuler l’économie en raison de l’inflation qui est déjà très élevée », croit-elle.

Au départ, les gouvernements et banques centrales croyaient à une inflation temporaire, mais elle est maintenant structurelle avec des chaînes d’approvisionnements qui prennent plus de temps à se rétablir et des enjeux reliés à la pénurie de main-d’œuvre.

« Il y a vraiment un danger si l’inflation reste, car les salaires vont commencer à monter, même chose pour les prix. À ce moment, ça devient problématique et difficile à ralentir », croit l’économiste.
Délicat équilibre

Dans ce cocktail unique, les banques centrales n’ont pas 1000 solutions et pourraient devoir hausser les taux d’intérêt.

« Les taux vont augmenter en 2022, c’est attendu. Mais en même temps, ça a un impact sur le service de la dette des gouvernements. Alors, vous voyez, tout est relié. On devra marcher sur un fil d’équilibriste toute l’année et il n’y a pas de recette magique », conclut Mme Homsy.

Cette dernière s’attend à ce que certains secteurs continuent toutefois de performer en temps de pandémie, comme le manufacturier, les technologies, la santé, l’immobilier et les services professionnels et bancaires.

LE PRIX DES MAISONS VA CONTINUER DE GRIMPER

Le redressement pressenti des taux directeurs par la Banque du Canada a peu de chance de se traduire par une baisse – même modérée – des prix de l’immobilier résidentiel au Québec en 2022. La cadence de construction d’habitations neuves et les faibles niveaux d’inscription sur le marché de la revente (en baisse de 36 % par rapport à l’an passé) auront pour conséquence de maintenir le marché « sous pression », prévient l’économiste Francis Cortellino, de la Société canadienne d’hypothèques et de logement.

À compter de mars, la Banque Nationale prévoit cinq hausses de taux consécutives de 0,25 point de base. En réaction, son chef économiste adjoint, Matthieu Arseneau, n’anticipe pas tant des ventes de feu, seulement un début de lent désintéressement des emprunteurs pour les hypothèques à taux variables. À plus long terme, le tableau paraît toutefois moins clair. Depuis 2000, les coûts moyens de l’habitation ont crû de 168 % au pays, comparativement à 50 % aux États-Unis. Depuis 1980, le niveau d’effort requis pour acquérir une propriété n’a jamais été aussi élevé.

DES EFFETS EXPLOSIFS DE LA PÉNURIE D’EFFECTIFS

Alors que plus de 194 195 postes étaient vacants au deuxième trimestre, nos entreprises devront faire des pieds et des mains pour garder leur main-d’œuvre.

« Je n’ai jamais eu autant de clients qui m’ont appelé en mode urgence pour savoir combien donner de bonis de rétention pour garder leurs employés », partage Anna Potvin, conseillère principale et chef de pratique, rémunération, chez Normandin Beaudry. Des géants américains embaucheront encore plus de gens en télétravail à 100 % chez nous. « Ça crée une pression. Il y a aussi des gens par exemple à Sherbrooke, qui vont postuler des postes en ville », explique-t-elle.

LE COÛT DES ALIMENTS ET DU CARBURANT À SURVEILLER

En novembre 2021, l’inflation a atteint 5,2 % au Québec et 4,7 % au Canada.

Résultat : la hausse des prix à la consommation est la préoccupation numéro un de plus de deux Canadiens sur trois. Sur ce front, les prévisions ne sont guère réjouissantes. Pour faire son épicerie, il en coûtera 1000 $ de plus l’an prochain, une hausse entre 5 à 7 % selon des données de l’Université Dalhousie. Qui peut se targuer de pouvoir espérer une telle augmentation salariale en 2022 ?

Le prix de l’essence joue un rôle important dans la hausse du coût de la vie. Pendant les premiers mois de la pandémie, le carburant avait baissé de façon notable, mais c’est de l’histoire ancienne. Les prix à la pompe ont explosé depuis, grimpant de 43,6 % depuis novembre 2020, selon Statistique Canada. Et un nouveau confinement continuera d’accentuer les pressions inflationnistes, croit l’économiste Mia Homsy.

« La consommation est largement axée sur les biens et moins sur les services aux particuliers. Si on déconfine, ça retournera vers les services, mais avec un confinement, la demande pour les biens demeure très élevée. Ça met de la pression », indique-t-elle.

LE COMMERCE DE DÉTAIL POURSUIT SON VIRAGE TECHNO

Les outils technologiques et l’intelligence artificielle prendront de plus en plus de place dans le monde du commerce de détail ces prochains mois, estime Yan Cimon, professeur de stratégie et de gestion à l’Université Laval.

« Tout ce qui va faciliter le processus d’achat du consommateur. Tout ce qui va l’aider à prendre une décision est quelque chose qui risque d’être adopté par les détaillants », avance-t-il, prévoyant notamment une hausse des outils de réalité augmentée dans les magasins.

En raison du manque de travailleurs, plusieurs commerces devraient miser davantage sur des caisses en libre-service en 2022 et sur des applications de paiement autonome et sans contrat. Couche-Tard teste ce type de technologie dans certains dépanneurs aux États-Unis et aussi dans son magasin-laboratoire au Québec. Depuis quelques mois, le géant du commerce de détail Walmart teste également un concept de magasin sans caissier au Québec.

Devant la croissance des ventes en ligne, les détaillants québécois devront continuer de développer des solutions pour apprendre à composer avec les géants du web comme Amazon.

Malgré cette croissance des emplettes sur le web, M. Cimon est d’avis que le magasin brique et mortier a toujours sa pertinence. « Lorsque les consommateurs le peuvent, ils reviennent en magasin », dit-il, concédant que le comportement d’achat a toutefois changé. Les consommateurs utilisent, aujourd’hui, l’expérience omnicanale.

Les détaillants devront également relever des défis en matière d’approvisionnement. Les problèmes de transport se poursuivront.

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