C’est la République qui est insultée, qui est trainée dans la boue …..
L’image dérange jusqu’au sein de la mouvance présidentielle. Le président de la République posant tranquillement avec un individu qui n’est sorti de l’anonymat que grâce aux nauséeuses injures. Un acte qui sidère, d’autant plus que Macky Sall s’est, lui-même, plusieurs fois insurgé contre les injures déversées chaque jours sur les réseaux sociaux. Expert en communication, Barary Domingo Mané décrypte cette image qui ne passe pas du tout.
« Nous sommes en présence de ce qu’on pourrait appeler le syndrome de Stockholm. Le président qui reçoit celui qui l’a insulté, C’est comme s’il nourrissait un sentiment d’admiration envers ce dernier. À force de le voir déverser des insanités, peut-être qu’inconsciemment le président nourrit des sentiments d’admiration. Pourquoi je parle de syndrome de Stockholm ? C’est parce que ce syndrome indique souvent les sentiments que la victime nourrit envers son ravisseur. C’est un acte ambivalent. En même temps, le président cherche peut-être à l’humilier. Et au-delà de l’humiliation, il y a peut-être des calculs politiques ou politiciens. Peut-être qu’il veut utiliser cette arme contre ses adversaires demain. »
« C’est la République qui est insultée,
qui est trainée dans la boue parce qu’il
s’agit du corps sacré du… »
« Et le corps sacré du président de la République est complètement désacralisé. Parce que c’est ce corps-là que cet homme visait à travers les insanités qu’il déversait. Et si le président se retourne pour recevoir le même individu cela pose un problème. Il y a une image de marque qui renvoie à celle d’un chef d’Etat et l’image d’un insulteur. Le simple fait de les mettre côte à côte c’est l’image de marque du président de la République qui est écornée. C’est la république qui est insultée, qui est trainée dans la boue parce qu’il s’agit du corps sacré du président qui s’affiche à côté d’un insulteur public. »
Le mauvais message
« Quand il s’affiche avec un insulteur public, le message est clair : il encourage ces pratiques-là. Et demain, des jeunes peuvent se mettre sur la même voie et se dire que la façon d’y arriver c’est d’insulter d’honnêtes citoyens, y compris le chef de l’Etat. Le simple fait de laisser cet homme s’afficher à ses côtés est un message qu’il lance à la jeunesse. Et c’est dangereux pour les valeurs, pour la jeunesse sénégalaise et ce n’est pas un bel exemple. C’est un acte lourd de conséquences qui va inspirer d’autres jeunes. »
De Dolly à kaliphone
« Chaque fois qu’il s’agit d’un opposant, le président est intransigeant. Mais quand il s’agit des membres de son camp, il montre une certaine tolérance et c’est ce à quoi nous assistons aujourd’hui, malheureusement. Pour moi il y a deux poids deux mesures et ce n’est pas bon pour la République, pour le président et surtout pour l’institution qu’il incarne. Et ça risque de se retourner contre lui. »
Youssouf SANE