Bonheur du pouvoir

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Le pouvoir, quel bonheur de le détenir. D’en être l’ordinateur. Surtout, si dans vos rêves les plus absurdes, vous ne caressiez même pas l’idée de vous en approcher. Et voilà qu’il échoit entre vos frêles mains ! Comme une belle femme sur qui on fantasmait, ne pensant même pas qu’on aurait l’occasion de lui effleurer la main, et qui vient vous étreindre vous offrant de fougueux baisers. Déjà le septième ciel !

Et voilà que vous avez le pouvoir et que vous pouvez, d’un paraphe ou d’une seule signature, changer le destin d’hommes et de femmes. Cette faculté de nommer et de dégommer sans avoir à rendre compte ! Et souvent, même, d’éliminer des adversaires qui guignent votre fauteuil. Se faire obéir au doigt et à l’œil, voir des gens ramper, d’autres trembler pour vous servir obséquieusement de peur de perdre des privilèges. L’homme le plus important aux yeux de ces misérables après Dieu, c’est le président de la République ! Dans un état angélique, on se dit faussement et on le fait savoir bruyamment qu’on est là juste pour cinq ans. Et puis, on découvre les grands et petits bonheurs de cette vie si dorée. On découvre les fastes et les dorures, les femmes qui se jettent sur vous, vous déshabillent presque rien que pour une signature.

Les séjours princiers chez les nababs du Golfe, les audiences avec les chefs d’Etat les plus puissants de la planète. L’avion présidentiel à votre seule disposition, les honneurs que l’on vous rend à chaque occasion. Les courtisans, les griots, les thuriféraires… Bref, une autre réalité de la vie qui vous pousse à vous dédire pour ne pas mourir idiot. Pensez-vous, être là à régenter la vie de deux dizaines de millions de vos compatriotes, et surtout que l’on vient de vous annoncer que le sous-sol de votre pays, plutôt ses profondeurs marines, d’apparence pauvre, est riche de gaz et de pétrole dont l’exploitation est fixée juste à la fin de dernier mandat.

L’idée de laisser à d’autres la production de ces richesses pourrait assurément rendre débile le plus raisonnable des hommes. Il faut alors tout faire pour pérenniser son règne. Un troisième mandat ? Tant pis, même si, opposant, vous aviez défendu la limitation jusqu’à modifier la Constitution par un référendum pour le Trésor de votre pays. Sous les lambris du pouvoir, grisé que vous êtes, vous en fustigez le principe car vous ne détesterez pas ravaler vos vomissures en rallongeant votre bail alors que votre ultime mandat finit dans moins de deux ans.

Désolant pour quelqu’un qui a combattu farouchement pour que son prédécesseur ne fasse pas un mandat de trop, le menaçant même d’aller le déloger en son palais, et qui se retrouve à jouer avec la Constitution de son pays. Triste retournement de l’Histoire !
KACCOOR BI

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