Au nom du peuple, rendez-nous Pape Alé Niang et tous les détenus d’opinion

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La démocratie dans notre pays doit beaucoup à la presse libre. L’État doit se défaire des logiques de secte mafieuse fondant cette obsession du secret défense. Le pouvoir apériste s’est fourvoyé

Depuis des lustres, le peuple sénégalais est viscéralement attaché à la démocratie et ses corollaires, notamment la liberté d’opinion et l’Etat de droit. Ainsi, notre histoire politique, depuis notre accession en 1960 à l’indépendance sous le format néocolonial est marquée par divers processus de lutte pour le recouvrement de notre véritable souveraineté.

Ces luttes, dont la première phase ascendante ou point de basculement est la révolution de Mai 68, ont permis de faire tomber le mur du monopartisme et de la presse aux ordres du régime de prolongement du colonialisme français.

Cette trajectoire progressiste de notre histoire politique accéléra la libération du peuple et produisit, suite à des élections, deux alternances dans la direction du pouvoir suprême d’État. Beaucoup de patriotes ont payé, au prix de multiples privations de leurs libertés et parfois de leurs vies, un lourd tribut pour que vivent la démocratie, la justice et l’équité. Permettez-moi de rendre hommage à tous les combattants de la liberté et surtout à l’avant-garde du mouvement d’émancipation démocratique constitué d’acteurs politiques et ceux des médias porteurs de la liberté d’expression et du droit à l’information.

Sans conteste, la démocratie dans notre pays doit beaucoup à la presse libre et engagée qui opéra une véritable révolution culturelle dans les années 90 et 2000 en se positionnant comme les vigiles de la démocratie et de l’Etat de droit. Comme symboles de cette révolution des médias au service de l’intérêt exclusif du peuple et de la démocratie, je citerais, entre autres, Pape Alé Niang dont les « lives » sont adulés par le peuple car constituant la lumière face au contrôle judiciaire permanent de notre démocratie. En effet, le pouvoir apériste survenu à la suite de l’alternance d’Etat de 2012, s’est fourvoyé dans la logique du dépérissement de l’État de droit et du repli totalitaire comme modalités de conservation du pouvoir.

Les interdictions et répressions violentes de manifestations pacifiques, les arrestations et emprisonnements d’opposants politiques et activistes démocrates, les exclusions des compétitions électorales d’opposants challengers, les gros scandales financiers à partir des postures d’État, l’impunité érigée en règle pour certains membres du pouvoir sont autant de marqueurs de la déliquescence de la démocratie et de l’Etat de droit. Dès lors, sauver la République et la démocratie devient un impératif patriotique. Dans cette mère des batailles, Pape Alé Niang est un symbole qui contribue sans cesse au décloisonnement du repli totalitaire de l’État et à la déconstruction de l’instrumentalisation de l’appareil sécuritaire et judiciaire contre des opposants politiques. Ainsi il mena des investigations pour éclairer le peuple sur ce qu’il considère comme le complot d’Etat du siècle ourdi dans notre pays contre un opposant issu de la nouvelle génération de révolutionnaires panafricanistes.  Comme le disait Ernesto Che Guevera « on commence à mourir quand on commence à garder le silence face à l’injustice ». Il décida de ne pas commencer à mourir et rendit compte au peuple souverain. Dès lors, la mécanique fascisante du pouvoir se mit en marche, Pape Alé fut enlevé en pleine rue et embastillé sous le prétexte de la « protection du secret relatif à la défense nationale qui relève d’un régime juridique strict ».

La vague d’indignation déferlante au plan national et international et de demande de libération immédiate de Pape Alé est en porte à faux avec l’argumentaire de violation du secret défense. Le défi majeur des États démocratiques actuels est celui de la transparence et de la redevabilité. L’État doit se défaire des logiques de secte ou mafieuses fondant cette obsession de secret défense opposable aux tenants de l’Etat juste protecteur des libertés individuelles et publiques. Pape Alé Niang, sur la base de principes invariables de défense de la démocratie quel que soit le régime au pouvoir, a brisé ces logiques surannées de production d’injustices, de scandales et de complots. C’est pourquoi il est embastillé avec d’autres détenus d’opinion. L’État auteur de cette forfaiture est en situation de violation de la sacro sainte liberté d’expression et du droit de chaque citoyen à l’information. Il est temps d’arrêter la spirale de descente aux enfers de notre démocratie. Et comme le dit, si bien, l’artiste musicienne Ma Sané dans un récent post en guise de soutien à Pape Alé Niang : « Ne laissons personne piétiner notre démocratie et nous priver de notre liberté de citoyens. Il a fallu une lutte longue et acharnée de nos aïeux pour en arriver là ».

Quant à moi, je conclue en clamant haut et fort : Rendez -nous Pape Alé et tous les détenus d’opinion afin qu’ils retrouvent les chemins de la liberté et le combat pour la cause du peuple.

PAR L’ÉDITORIALISTE DE SENEPLUS, MAMADOU MAO WANE

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