Pourquoi des commerçants refusent d’appliquer la baisse des prix

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Au marché Castor, clients et commerçants ne parlent pas le même langage. Le constat a été fait que les nouveaux prix fixés parmi les 11 mesures prises lors du Conseil national sur la consommation ne sont pas en vigueur. Les clients accusent les commerçants. Ces derniers indexent le gouvernement. Reportage.

Le ton est sec. « Madame, c’est comme ça que vous me remettez le persil. Vous ne me proposez même pas de sachet. Mais, c’est du n’importe quoi », s’emporte une cliente, devant un étal, dans les dédales du marché Castor. À cran, la dame d’âge mur et teint clair ramasse son sac à moitié plein et poursuit son chemin, boudant la vendeuse. C’est dans ces circonstances que l’équipe d’Emedia s’est rapprochée d’elle pour l’interroger sur l’effectivité ou pas de la baisse des prix des denrées de grande consommation. « La baisse n’est pas effective. Le sucre, l’huile et le riz, les prix n’ont pas bougé. Ils disent qu’ils ne vont pas vendre à perte », peste la dame, qui a requis l’anonymat.

Moustache bien entretenue, Seydou Touré, commerçant grossiste, fait marcher la calculette face à un de ses employés, dans son magasin situé à l’entrée du marché. Il nous confie que depuis ce matin les discussions sont interminables avec les clients qui se présentent, brandissant la baisse des prix. Alors que celle-ci ne peut pas être appliquée, soutient-il, mordicus. Il explique : « Si je prends l’exemple du riz, il y a plusieurs qualités. Ce que les clients ne savent pas c’est que la baisse ne concerne que le riz indien (non parfumé) dont le kilogramme est fixé à 325 F CFA. Moi, je n’ai même cette variété puisque le stock est bloqué. Je propose du riz parfumé, du Royal Umbrella et le riz de la Vallée ».

Pour l’huile, c’est tout aussi compliqué, selon Serigne Ndiaga Lô. « Les grossistes vendent le bidon de 20 litres à 23 000 F CFA. Le litre doit donc coûter 1150 F CFA. Alors que le gouvernement a fixé le prix à 1100 F CFA. Pour que ça marche, les grossistes doivent vendre à 21 000 F CFA », renchérit-il. En attendant, pour se faciliter la tâche, plusieurs commerçants, comme notre interlocuteur, proposent la bouteille d’1,5 litre cédée à 1 800 F CFA. Les clients ont-ils d’autres choix ?

Même son de cloche au ‘’pack’’ (place réservée) aux bouchers. « A fora, où nous nous approvisionnons les prix n’ont pas bougé. Il faut que l’État agisse d’abord là-bas pour que cela se répercute ici. Sinon, cela ne nous arrange pas. On veut écouler notre marchandise comme tout le monde mais pas au point de vendre à perte », nous dit-on. Ainsi, le kilogramme de viande de bœuf qui devait passer à 3 600 F CFA, reste bloqué à 4 000 F CFA.

Dans les boutiques, le constat a été aussi fait qu’on est loin du nouveau prix, 575 F CFA, fixé pour le sucre. Il est vendu à 675 F CFA. Au marché, certains commerçants refusent même d’en vendre. C’est le cas de Seydou Touré. « Le sac de 50 Kg coûte actuellement entre 28 500 et 28 800 F CFA. Le kilo doit coûter 570 au lieu de 525 sans compter les sachets qu’on doit acheter pour la pesée. Ce n’est tout simplement pas possible », a-t-il appuyé.

Par contre, pour les légumes, les prix sont stables, apprécie, Anta qui n’a pas voulu préciser son nom de famille. Par exemple, pour la carotte, le kilo est passé de 700 à 600 F CFA.

Cheikh Moussa SARR

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