ORGANISMES GÉNÉTIQUEMENT MODIFIÉS-12 RAISONS POUR L’AFRIQUE DE REJETER LES OGM

Views: 515
Votre PUB ici

Ce n’est pas parce qu’on est pauvre qu’on doit nous faire manger tout et n’importe quoi. Ce n’est pas parce que vous négocier avec l’étranger que vous devez faire subir a vos populations des conséquences fâcheuses.

Les OGFM créent des maladies chroniques que les pays pauvres ne peuvent prendre en charge avec efficacité – dialyse et problèmes rénaux, divers cancers

Le Sénégal a voté cette loi en le 03 juin 2022 en procédure d »urgence ie sans débat. Pape B CISSOKO

L’Afrique court le danger de devenir le dépotoir de l’industrie controversée des organismes génétiquement modifiés et le laboratoire des chercheurs frustrés. Les défenseurs de la technologie du génie génétique diffusent l’argument attractif de cultures génétiquement modifiées apportant la deuxième révolution verte et la réponse à la faim en Afrique, mais un examen plus attentif montre clairement que les cultures génétiquement modifiées n’ont rien à faire en Afrique.

Les efforts entrepris pour introduire les cultures génétiquement modifiées dans l’agriculture africaine ne diminuent pas, même si (et c’est aussi l’une des raisons) l’industrie du génie génétique est chancelante presque partout dans le monde. Un nombre de plus en plus grand d’organisations, de réseaux et de groupes de pression liés de près à l’industrie du génie génétique oeuvrent à promouvoir l’agriculture génétiquement modifiée sur le continent. Les cultures génétiquement modifiées ne sont juste à présent commercialisées qu’en Afrique du Sud, mais il y a eu des essais en champs au Kenya, en Egypte et au Burkina Faso, ainsi qu’au Sénégal et au Zimbabwe où il n’y a eu aucune information publique ni surveillance réglementaire. Au moins douze pays africains mènent des recherches sur les cultures génétiquement modifiées dont l’Egypte, l’Ouganda, le Maroc, le Nigeria, la Tunisie et le Cameroun, et une longue liste de cultures génétiquement modifiées sont sur le point d’être introduites dans divers pays africains (voir la carte). Il est inquiétant aussi de voir que les cultures génétiquement modifiées arrivent aussi par le biais des importations alimentaires et de semences entrées en fraude, même dans des pays qui ont pris des mesures pour empêcher les importations de produits alimentaires génétiquement modifiés, comme en Zambie, en Angola, au Soudan et au Bénin.

En bref, l’Afrique risque de devenir le dépotoir de l’industrie controversée des organismes génétiquement modifiés et le laboratoire des chercheurs frustrés. Les défenseurs de la technologie du génie génétique diffusent le message séduisant de cultures génétiquement modifiées apportant la deuxième révolution verte et la réponse à la faim en Afrique, mais la réalité est bien différente. Un examen attentif des cultures génétiquement modifiées et du contexte dans lequel elles sont développées montre clairement que les cultures génétiquement modifiées n’ont rien à faire en Afrique. Douze raisons à cela:

1 – Les cultures génétiquement modifiées vont contaminer les autres cultures; la coexistence est impossible.

Les cultures génétiquement modifiées sont des plantes et comme telles ne peuvent pas être facilement contrôlées. Le pollen peut voyager sur de longues distances grâce au vent et aux insectes. L’erreur et la curiosité humaines ou tout simplement les pratiques agricoles ordinaires peuvent aussi contribuer à la dissémination des semences. Les cultures génétiquement modifiées ne pourront donc jamais coexister avec des cultures non génétiquement modifiées des mêmes espèces sans risquer de les contaminer, en particulier en Afrique où envisager une surveillance étroite des semences et des pratiques agricoles n’est pas réaliste. Ces contaminations auraient des conséquences énormes pour les petits paysans. Cela pourrait par exemple mettre en danger les semences autochtones que ces agriculteurs ont développées pendant des siècles, semences auxquelles ils font confiance et qu’ils connaissent. Les agriculteurs qui verraient leurs champs contaminés pourraient finir par avoir à payer des royalties aux compagnies détentrices des brevets sur les plantes génétiquement modifiées qui auraient contaminé leurs champs.

2 – Les cultures génétiquement modifiées favoriseront la dépendance vis-à-vis des compagnies fournissant les semences.

La plupart des compagnies fabricant les semences génétiquement modifiées interdisent aux agriculteurs de conserver des semences produites chez eux pour la saison suivante et de les partager avec leurs voisins, leurs parents et leurs amis. Cela est imposé par des contrats détaillés, des accords et des conditions imposés par les multinationales de l’industrie des semences génétiquement modifiées. Plus de 80% des petits agriculteurs en Afrique aujourd’hui conservent leurs semences produites à la ferme pour la saison suivante. Parfois ces agriculteurs le font parce qu’ils n’ont pas suffisamment d’argent pour acheter de nouvelles semences et parfois parce qu’ils accordent de la valeur à leurs propres semences. Le partage des semences (avec les voisins, les parents et les amis) est aussi une habitude culturelle dans de nombreuses communautés africaines. L’introduction des cultures génétiquement modifiées mettra en danger ces pratiques traditionnelles et vitales.

3 – Les cultures génétiquement modifiées conduiront aux technologies ‘Terminator’ et ‘Traitor’.

Les technologies ‘Terminator’ et ‘Traitor’ sont deux exemples de GURTs (Technologies de restriction de l’utilisation des ressources génétiques). Les semences ‘Terminator’ sont génétiquement modifiées afin que les plantes qu’elles produisent restent stériles (les semences non fertiles ne peuvent pas germer lors de la saison suivante ou à n’importe quel moment). La technologie ‘Traitor’ produit des plantes génétiquement modifiées qui nécessitent d’être pulvérisées avec certains produits chimiques afin de pousser correctement. Il est important de remarquer que ces technologies sont destinées en particulier aux pays en développement mais n’offrent aucun avantage positif aux agriculteurs. Les technologies de restriction de l’utilisation des ressources génétiques amèneront les agriculteurs africains à être entièrement dépendants des compagnies pour leur approvisionnement en semences et pour les produits chimiques coûteux dont leurs plantes ne pourront pas se passer pour pousser. Ces technologies promettent des rendements importants pour les compagnies multinationales, mais elles signifient la ruine pour les petits paysans d’Afrique.

4 – Les cultures génétiquement modifiées vont accroître le recours aux produits chimiques.

Plus de 70% de toutes les plantes génétiquement modifiées actuellement cultivées dans le monde sont modifiées pour résister à certains herbicides. Les agriculteurs qui cultivent ces plantes génétiquement modifiées doivent utiliser les herbicides vendus par les mêmes compagnies qui leur vendent les semences génétiquement modifiées. Il n’est pas étonnant que les études faites montrent que ces cultures augmentent le recours aux herbicides, en particulier parce que certaines mauvaises herbes développent une résistance à l’herbicide. Une fois de plus, les semences génétiquement modifiées promettent des profits importants aux multinationales, là où les petits agriculteurs ne verront qu’une augmentation de leurs dépenses.

5 – Les plantes génétiquement modifiées sont brevetées

Les multinationales détiennent près de 100% des brevets en biotechnologie agricole et la majorité de ces brevets sont contrôlés par une poignée de compagnies fabriquant des pesticides. Ces compagnies utiliseront leurs brevets pour bloquer les recherches qui ne conviendront pas à leurs intérêts et pour piéger les agriculteurs en leur faisant payer des royalties chaque année sur les semences et en les rendant dépendants à jamais de leurs intrants chimiques.

6 – Les cultures génétiquement modifiées favorisent les systèmes agricoles industriels

Elles sont destinées à des systèmes agricoles caractérisés par:

– des surfaces cultivées étendues: En Afrique, 80% de la population est composée de petits paysans disposant de 0,5 à 3 acres (ndt: 2000 m2 à 1, 2 ha) de terre. Des technologies agricoles adaptées devraient aider les petits agriculteurs à diversifier et intensifier leurs activités à la ferme.

– la monoculture: A cause de la petite taille des fermes et des conditions environnementales contraignantes, la monoculture n’est pas favorable à l’agriculture africaine.

– des subventions: Alors que les agriculteurs occidentaux sont très subventionnés, les agriculteurs africains ne reçoivent pas beaucoup de subventions et ne peuvent même pas récupérer le coût de la production de leurs cultures.

– la mécanisation: Alors que l’agriculture des pays développés est très mécanisée, la plupart des agriculteurs africains dépendent de la traction humaine et animale.

– une dépendance vis-à-vis des intrants extérieurs: Les agriculteurs africains n’ont pas les moyens de faire face au coût élevé qui accompagne la culture des plantes génétiquement modifiées. C’est l’une des raisons principales de l’échec de la Révolution verte en Afrique.

7 – Les cultures génétiquement modifiées menacent l’agriculture biologique et l’agriculture durable

La plupart des agriculteurs en Afrique pratiquent l’agriculture biologique (par défaut ou par choix). Le génie génétique représente une menace importante pour ces agriculteurs sur plusieurs aspects, dont les suivants:

– De nombreux agriculteurs africains comptent sur le Bacillus thuringiensis (Bt), un microbe se trouvant dans le sol qu’ils utilisent comme insecticide naturel. Les gènes produisant la toxine Bt ont aussi été génétiquement modifiés dans certaines plantes afin que ces plantes expriment constamment la toxine Bt. La culture à large échelle des plantes génétiquement modifiées Bt encouragera le développement de la résistance au Bt chez d’importants nuisibles des plantes, rendant alors cet insecticide naturel inefficace.

– Les agriculteurs biologiques pratiquent une agriculture mixte et la rotation des cultures. Ces pratiques seront menacées par les cultures génétiquement modifiées tolérantes à l’herbicide, nécessitant des herbicides à large spectre qui détruisent toutes les plantes, et pas seulement les mauvaises herbes indésirables pour les agriculteurs.

– La fertilité naturelle est un facteur clé dans l’agriculture biologique et durable. Les herbicides associés aux cultures génétiquement modifiées détruisent les champignons et les bactéries essentiels à l’entretien de cette fertilité.

8 – Les systèmes de biosécurité requis ne sont pas réalistes pour les pays africains

Les nations africaines manquent de l’expertise, de l’équipement, de l’infrastructure, de la législation et des systèmes de surveillance nécessaires à l’application de mesures de biosécurité efficaces pour les cultures génétiquement modifiées. Ils manquent aussi de moyens financiers pour les développer et auront donc à rechercher des financements extérieurs, ce qui accentuera le poids déjà lourd de leur dette extérieure. Le développement de l’agriculture génétiquement modifiée devrait-il être vraiment une priorité pour les gouvernements africains dans l’état actuel des choses?

9 – Les cultures génétiquement modifiées ne réduiront pas la faim en Afrique

La faim en Afrique n’est pas due à un manque de nourriture; il y a en effet suffisamment de nourriture pour tout le monde. Le principal problème est le faible pouvoir d’achat des populations découlant de leur pauvreté. Cette pauvreté est exacerbée par la libéralisation du commerce dans un contexte de profonde inégalité au niveau mondial. Avec la libéralisation du commerce, les agriculteurs africains se trouvent en concurrence directe avec les produits occidentaux largement subventionnés et diffusés. C’est comme si, dans un match de football sur un terrain en pente, l’équipe des petits agriculteurs africains était placée dans la partie basse pour jouer.

10 – Les cultures génétiquement modifiées ne résoudront pas les problèmes de nuisibles

Les cultures génétiquement modifiées encouragent l’utilisation prolongée et continue des herbicides et des pesticides, y compris les pesticides exprimés par les plantes génétiquement modifiées. En conséquence, les nuisibles et les mauvaises herbes nocives développent inévitablement une résistance, obligeant les agriculteurs à utiliser plus de pesticides et des produits plus toxiques. Essayer de vaincre les nuisibles par l’emploi sélectif de pesticides destinés à un nuisible spécifique est particulièrement inapproprié en agriculture tropicale, car éliminer seulement un seul nuisible laisse la place à des nuisibles secondaires qui vont proliférer et gagner du terrain.

11 – Les cultures génétiquement modifiées encourageront la destruction arbitraire de la biodiversité

La biodiversité africaine est riche et complexe, mais elle est aussi fragile. Les cultures génétiquement modifiées pourraient facilement bouleverser l’équilibre écologique, entraînant des répercussions importantes dans l’agriculture et l’environnement alentours.

12 – Les cultures génétiquement modifiées représentent une menace pour la santé des êtres humains

Les conséquences des cultures génétiquement modifiées sur la santé humaine sont peu connues car des études approfondies et indépendantes n’ont tout simplement pas été menées. Mais les risques sont tout à fait clairs, en particulier pour l’Afrique, où des maladies qui sont maîtrisées de manière efficace dans les pays occidentaux sévissent toujours. Le VIH/SIDA par exemple, qui fut tout d’abord découvert dans les pays occidentaux, est en train de décimer les populations africaines, et peu d’Africains peuvent s’offrir les traitements rétroviraux bon marché permettant de prolonger la vie de ceux qui sont affectés par cette maladie. Aujourd’hui, tout le monde en Afrique est soit contaminé soit affecté par la maladie, ou les deux à la fois.

Que faut-il faire?

L’Afrique doit appliquer le principe de précaution qui recommande de ne pas aller plus loin tant qu’il n’y a pas de certitude quant à la sécurité de la santé et de l’environnement. Etant donné les contraintes existant en Afrique – manque de ressources pour prendre des mesures de sécurité efficace, et manque d’informations concernant les cultures génétiquement modifiées chez le public et les agriculteurs en particulier – la seule position réalisable et appropriée que les gouvernements africains doivent prendre actuellement est de déclarer un moratoire sur la commercialisation des cultures génétiquement modifiées. Celui-ci devrait être maintenu jusqu’à ce que des recherches adéquates aient été entreprises sur les différentes questions socio-économiques, environnementales et agronomiques entourant les cultures génétiquement modifiées et jusqu’à ce que l’information du public soit suffisante pour que des consultations publiques soient entreprises. Le droit des gouvernements africains à prendre leurs propres décisions doit être respecté par les autres pays.

Cela ne veut pas dire que les pays africains doivent mettre la recherche agronomique en suspend. Au contraire, les pays africains doivent développer leurs investissements en recherche agronomique. Mais ces investissements doivent soutenir une recherche orientée par les agriculteurs et se concentrer sur les problèmes spécifiques et locaux qui touchent les communautés agricoles. Il est temps pour les gouvernements africains et leurs partenaires en matière de développement de s’attaquer aux causes profondes de la pauvreté et de l’insécurité alimentaire. Dans ce sens, beaucoup plus peut être fait pour soutenir:

– un commerce équitable et l’amélioration des systèmes de transformation et de commercialisation des produits alimentaires;

– l’amélioration des infrastructures rurales;

– des dispositifs de crédit mutuel pour les agriculteurs;

– des systèmes d’irrigation à bas prix;

– des formations rurales pour renforcer les compétences des agriculteurs en matière de production et de transformation des produits alimentaires;

– la gestion des parcours pastoraux.

Seuls les africains peuvent apporter des solutions africaines aux problèmes africains. Ceux qui sont à l’extérieur peuvent apporter leur aide, mais ce sont ceux qui sont à l’intérieur, ceux qui sont touchés, qui doivent accomplir ce travail. La meilleure manière d’arriver à un développement durable est de renforcer les systèmes de production locaux qui existent, tout en les protégeant des menaces comme celle que représentent les cultures génétiquement modifiées.

 

EN AFRIQUE:

Algérie: En décembre 2000, l’Algérie a pris la décision d’interdire « l’importation, la distribution, la commercialisation et l’utilisation du matériel végétal génétiquement modifié ».

Mali: L’Institut national de recherche agronomique (IER) négocie avec Monsanto et Syngenta pour des essais en champs de coton Bt.

Burkina Faso: négocie pour des essais en champs de coton Bt depuis juillet 2003.

Sénégal: Un essai en champs de coton Bt de Monsanto non officiel a été mené par la Compagnie nationale du coton, mais les efforts n’ont pas été poursuivis quand le coton n’a pas répondu aux attentes.

Bénin: En mars 2002, le Bénin a annoncé un moratoire sur les produits génétiquement modifiés, mais subit une pression constante pour introduire le coton Bt. Il importe aussi de l’aide alimentaire du Programme alimentaire mondial dont on pense qu’elle contient du maïs génétiquement modifié en provenance des Etats-Unis.

Nigeria: Aucun produit génétiquement modifié n’est jusqu’à présent développé ou testé en champs, mais en juillet 2003, le gouvernement a engagé 26 millions de dollars par an pour développer les biotechnologies dans le but d’encourager la production alimentaire. En mai 2004, l’USAID a engagé 2,1 millions de dollars pour « aider les universités et les instituts (dont d’IITA) nigérians de pointe dans la recherche et le développement de variétés de niébé et de manioc manipulés génétiquement pour résister aux insectes et aux maladies des plantes », et pour « perfectionner la mise en place de réglementations de biosécurité, et améliorer les connaissance du public et l’accueil favorable de la biotechnologie ». Le Nigeria est en train de travailler (sans doute en partenariat avec l’industrie) à une loi modèle de biosécurité avec l’Afrique du Sud, qui pourrait être imitée par les autres pays africains.

Angola: En avril 2004, l’Angola a soumis un règlement pour l’interdiction des importations d’aide alimentaire en produits génétiquement modifiés non moulus. Le Programme alimentaire mondial a répondu en déclarant que le pays aurait à affronter une baisse significative de l’aide alimentaire si il persévérait dans cette interdiction.

Afrique du Sud: En raison de la forte présence des multinationales des semences et d’une agriculture fortement orientée vers l’exportation, c’est de tout le continent le pays le plus avancé pour l’introduction des OGM, et l’un des six plus gros producteurs de cultures génétiquement modifiées du monde. En 2003, 400 000 hectares ont été plantés en cultures génétiquement modifiées: maïs Bt, soja Roundup Ready, et coton Bt. Presque toutes les cultures génétiquement modifiées poussant en Afrique du Sud sont semées dans les grosses fermes commerciales, mais l’Afrique du Sud est présentée comme la vitrine des bienfaits du coton génétiquement modifié pour les petits agriculteurs, oubliant que les problèmes d’endettement que les petits agriculteurs cultivant le coton Bt subissent sont si importants que les firmes gérant le projet font machine arrière. Le pays est de plus en plus considéré comme déversoir pour les cultures génétiquement modifiées refusées aux Etats-Unis et en Europe. Cela a fait beaucoup de bruit en février 2004 quand, malgré son retrait supposé du développement de la farine génétiquement modifiée, Monsanto a déposé une demande auprès de l’Afrique du Sud pour un permis d’importation par la route. Le pays vient aussi d’accepter les essais en champs des pommes de terre Bt de Monsanto, abandonnés aux Etats-Unis après le refus des consommateurs. Il y a des essais en champs en cours pour les cultures génétiquement modifiées suivantes: le coton, l’eucalyptus, le canola, la pomme de terre, le soja, la fraise et le sucre de canne.

Zimbabwe : Interdiction d’importer des produits génétiquement modifiés non moulus. Monsanto a mené quelques essais en champs non surveillés pour le coton GM il y a quelques années mais cette culture a été détruite par le gouvernement lorsqu’il l’a découverte.

Malawi : L’importation de produits cultivés génétiquement modifiés non moulus est interdite depuis 2002.

Zambia : En 2002, la Zambie a refusé 27 000 tonnes d’aide alimentaire composée de produits génétiquement modifiés en provenance des Etats-Unis et destinée à nourrir près du quart de sa population suite à une sécheresse prolongée. Ce pays a été vilipendé pour avoir pris cette décision mais les avertissements disant que des millions de personnes pourraient mourir de faim se sont avérés infondés. Le gouvernement zambien a avancé plusieurs raisons à son interdiction – de la possibilité de perdre les marchés à l’exportation par la contamination des variétés locales de maïs aux incertitudes concernant les conséquences pour la santé. La Zambie continue à maintenir son interdiction d’importer des produits GM qu’ils soient moulus ou non.

Kenya: Héberge de nouveaux et de plus en plus nombreux instituts de recherche orientés vers les OGM, dont l’Africa Harvest Biotech Foundation International, l’ISAAA’s Africentre, l’African Agricultural Technology Foundation et l’African Biotech Stakeholders Forum. Des essais en champs de patate douce génétiquement modifiée sont en cours, et des recherches sur le maïs, le manioc et le coton génétiquement modifiés sont en train d’être menées. En dépit de l’échec du projet de Monsanto et du Kari sur la patate douce génétiquement modifiée (voir encadré), Syngenta a lancé son propre projet de recherche pilote au Kenya sur le maïs résistant à l’insecte foreur de tige. Peu importe si son maïs GM échoue à protéger contre le plus important foreur de tige du Kenya – celui qui affecte 80% des cultures de maïs du pays.

Soudan: En ami 2002, le Soudan a interdit l’importation de produits alimentaires génétiquement modifiés, mais a délivré un certain nombre de dérogations temporaires permettant aux livraisons d’aide alimentaire de continuer alors que des alternatives avaient été trouvées. Mais la réponse des Etats-Unis a été de suspendre les livraisons d’aide alimentaire au Soudan et d’exercer une pression énorme sur le gouvernement pour qu’il abroge l’interdiction. Le gouvernement a cédé et a fini par étendre la dérogation à six mois supplémentaires, permettant que la distribution d’aide alimentaire se prolonge jusqu’à janvier 2005.

Egypte: Ce pays développe une politique pro-OGM avec le soutien de l’USAID. Le colza GM a été mis sur le marché, et des essais en champs sont en cours de réalisation pour le melon, le concombre, le maïs, la pomme de terre, la courge, le sucre de canne, la tomate, le coton et le blé génétiquement modifiés. Beaucoup d’autres végétaux sont au stade expérimental, dont la banane GM mise au point avec l’ICARDA.

Les patates douces génétiquement modifiées: des millions gaspillés

Des patates douces GM sont en train d’être développées conjointement par le KARI (Institut de recherche agricole kenyan) et Monsanto, avec un soutien financier supplémentaire de l’USAID et de la Banque mondiale. L’initiative n’a pas été prise pour répondre aux priorités et aux préférences des agriculteurs mais a plutôt résulté de la pression et de la technologie déjà existante de Monsanto et des scientifiques américains. Cette négligence s’explique par la faiblesse des relations entre les chercheurs, les techniciens agricoles et les agriculteurs au Kenya. En effet, beaucoup d’agriculteurs cultivent déjà des patates douces résistantes au virus, et pour beaucoup d’autres, divers problèmes, comme le charançon, sont plus importants.

Jusqu’à présent, une variété peu appréciée a été génétiquement modifiée avec une protéine protégeant contre une souche américaine du virus. La variété n’a pas été conçue pour convenir à la diversité des terrains adaptés à la patate douce des agriculteurs (il y a plus de 89 variétés différentes de patate douce en Afrique). La patate douce est une culture importante pour la sécurité alimentaire, en particulier pour les femmes, et pousse principalement en Afrique de l’Est (Ouganda, Rwanda, Burundi, Kenya et Tanzanie). Il faut ajouter que la pauvreté dans ces région n’est pas le résultat de variétés de patates douces inadaptées mais plutôt de la corruption, du SIDA, des revenus en baisse des migrants, de la baisse des prix des denrées, des conflits armés, et de grosses inégalités dans la distribution des terres, dans la richesse et dans les revenus. Le Kenya, par exemple, perd 180 fois plus d’argent avec la corruption qu’avec la maladie virale de la patate douce. Face à ces contraintes, les avantages de cette nouvelle patate douce sont relativement insignifiants. Bien que les évaluations économétriques prévoient un niveau de rendement du projet significatif (avec une projection de gain maximum de 18%), ils ne prennent pas en compte les coûts d’opportunité. Le projet sur la patate douce en arrive maintenant à sa douzième année, et implique plus de 19 scientifiques (dont 16 avec un PhD) pour un coût estimé à 6 millions de dollars.

A l’inverse, les programmes de la sélection conventionnelle de la patate douce en Ouganda ont été capables il y a quelques années de développer une variété appréciée résistante au virus et qui rapporte des rendements de presque 100% avec un petit budget. En termes de durabilité de l’environnement, la résistance issue de la manipulation génétique de la patate douce est conférée par un gène, et donc on peut s’attendre à ce que, selon les principes de l’écologie de l’évolution, de nouvelles maladies résistantes puissent se développer. L’évolution de la résistance aux maladies dépendra cependant du degré des pressions opérées par la sélection (qui dépendent en partie de l’importance que prendra la diffusion des variétés génétiquement modifiées).

La dépendance financière vis-à-vis de Monsanto réduit la durabilité institutionnelle du projet. Ce projet a entraîné la formation poussée des chercheurs du KARI dans les méthodes de transformation biotechnologique, et dans les essais de biosécurité. Cependant, une telle formation de compétences dans une discipline très ciblée comme la biotechnologie pourrait provoquer un effet de verrouillage détournant les ressources d’autres questions et méthodes potentiellement productives.

Source: Aaron deGrassi, Genetically Modified Crops and Sustainable Poverty Alleviation in Sub-Saharan Africa: An Assessment of Current Evidence, Third World network – Africa, June 2003, www.twnafica.org/docs/GMCropsAfrica.pdf?twnID=37

 

Zachary Majanya travaille pour l’Association PELUM (Participatory Ecological Land Use Management / Pour une gestion écologique participative de l’utilisation des terres), un réseau de 170 ONG dans 10 pays de l’Afrique de l’Est et de l’Afrique australe: le Kenya, l’Ouganda, la Tanzanie, le Rwanda, la Zambie, le Zimbabwe, le Malawi, le Lesotho, le Botswana et l’Afrique du Sud. PELUM aide à renforcer les compétences des associations membres pour travailler avec les petits agriculteurs afin qu’ils puissent améliorer leurs conditions de vie par la gestion et l’utilisation écologique des terres. PELUM est aussi engagée dans des campagnes, des plaidoyers et du lobbying sur les politiques et les questions touchant les conditions de vie des petits agriculteurs.

La technologie des manipulations génétiques a un impact direct sur les petits agriculteurs et l’association PELUM est déterminée à placer le débat à la base et à éduquer ses membres afin que les agriculteurs puissent agir non à partir de l’ignorance mais en toute connaissance de cause.

Comments: 0

Your email address will not be published. Required fields are marked with *