Le gouvernement a finalement capitulé sur la hausse des prix

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Face à la défiance de l’Unacois, la principale organisation de commerçants, les soldats des prix bas se sont finalement enlisés dans la guerre des prix où ils ont montré leurs limites

Courant mars 2022, le président de la République Macky Sall avait décidé, lors d’un Conseil des ministres, de baisser les prix des denrées de première nécessité comme l’huile, le sucre et le riz. Pour faire appliquer immédiatement cette mesure socialement populaire, le ministère du Commerce avait déployé sur le terrain ses bataillons de contrôleurs des prix pour traquer les boutiquiers et autres commerçants véreux. Face à la défiance de l’Unacois, la principale organisation de commerçants, les soldats des prix bas se sont finalement enlisés dans la guerre des prix où ils ont montré leurs limites. Au finish, le gouvernement de Macky Sall a capitulé laissant ainsi pourrir la situation de la hausse généralisée des prix des denrées de première nécessité.

Dans les tous les domaines d’activité, les prix des produits a atteint un niveau record au Sénégal. Mais le secteur de l’agroalimentaire est le plus impacté avec des hausses sans précédent sur les prix de l’huile, du sucre, du riz, du lait etc. Sans oublier les produits de conserve tels que les lentilles, moutarde, les haricots en pots ou en bocaux, le concentré de tomate, les olives et autres pâtes alimentaires dont les prix sont passé du simple au double. Ne nous parlez surtout pas de la guerre ukrainienne ! Car, bien avant cette guerre Russie-Ukraine, qui est venue aggraver la spéculation et la hausse des prix, les commerçants et boutiquiers sénégalais avaient déjà fait flamber les prix des denrées de première nécessité (riz, huile, lait, sucre, farine etc.). D’ailleurs, cette flambée des prix avait poussé le président de la République Macky Sall à prendre des mesures visant à faire baisser les prix de l’huile, du riz et du sucre. Ou, à tout le moins, à les stabiliser à leur niveau antérieur. C’était lors d’un Conseil des ministres.

A l’entame de sa communication ce jour-là, le chef de l’Etat avait rappelé au gouvernement son souci permanent de soulager durablement les ménages sénégalais face à la hausse des prix des denrées de première nécessité. De bonnes mesures que les citoyens « gorgorlous » avaient beaucoup appréciées bien que les baisses annoncées étaient légères. Mais c’était toujours bon à prendre en ces temps de crise ! Et même si la mesure présidentielle était qualifiée de bluff tarifaire, elle demeurait salutaire. Pour preuve, le kilo de sucre en poudre, qui coûtait 625 cfa, passait sur décision de Macky Sall à 600 cfa soit une baisse de 25 cfa/kg. Quant au litre d’huile, son prix passait de 1200 CFA à 1100 cfa soit une baisse de 100 cfa. De même, le riz brisé non parfumé, qui coûtait 15.000 cfa le sac de 50 kg devait se vendre à partir du mois de mars à 13.750 cfa soit une baisse de 25 cfa/kg. Et pour montrer que la paix sociale n’avait pas de prix, le président Macky Sall avait décidé d’allouer une subvention de 32 cfa sur le kilogramme de riz paddy. Ce qui portait le prix au producteur à 162 cfa, le but visé étant d’encourager et de soutenir la production locale de riz. Hélas, malgré l’arrêté ministériel fixant les prix et le folklore médiatique autour du concept « bon prix/juste prix », la réalité du terrain demeurait très têtue. Car, les boutiquiers et commerçants, par souci du gain, refusaient d’appliquer les nouveaux tarifs.

Pour prouver leur refus, leur témérité et leur inflexibilité face à l’application des nouveaux tarifs, ils avaient fait flamber de plus belle les prix du sucre, de l’huile et du riz. Par exemple en ce mois de juillet 2022, le litre d’huile (bouteille) passe de 1.200 cfa à… 1.800 cfa ! Le kilo de sucre, qui se vendait à 650 cfa coûte désormais 850 cfa, le lait en poudre (sachet 400 g) varie entre 1.500 et 1.800 cfa alors qu’il ne coûtait que 1.150 cfa. Le riz, denrée de base pour l’alimentation des Sénégalais, n’en parlons pas ! Car le prix du kilo de toutes les variétés a connu une hausse exagérée. Pour soutenir les commerçants grossistes et autres boutiquiers détaillants dans le non-respect de la baisse des prix, l’Union nationale des commerçants et industriels du Sénégal (Unacois/Jappo) avait organisé une conférence pour inciter ses troupes à la désobéissance. « Appliquer l’arrêté du ministre du Commerce, c’est  vendre à perte ! Car il est impossible d’acheter la tonne de riz auprès de l’importateur à 262 000 cfa et la revendre à 264 500 cfa sans prendre en compte les frais de transport de 8000 cfa. Donc c’est inapplicable en l’état actuel  !  » fulminait le directeur exécutif de l’Unacois-Jappo, Ousmane Sy Ndiaye, au lendemain de la notification de l’arrêté ministériel plafonnant les nouveaux tarifs de certaines denrées alimentaires.

La déroute !

Malgré la défiance des commerçants de l’Unacois, le ministre du Commerce, Mme Aminata Assome Diatta, avait fait déployer sur le terrain tous ses bataillons de contrôleurs des prix et unités de réserve « tarifaire » pour traquer les boutiquiers et autres commerçants véreux. En tout cas, les agents de la direction du Commerce intérieur multipliaient les opérations de répression dans les quartiers et marchés dans l’optique de veiller au respect des prix plafonnés. Les contrôleurs avaient exigé aux boutiquiers l’affichage des nouveaux tarifs. Malheureusement, cette anarchie des prix s’éternisait au grand malheur des consommateurs. Une anarchie soigneusement orchestrée par des commerçants et boutiquiers spéculateurs ayant pour unique prétexte « la guerre entre la Russie et l’Ukraine ». Aujourd’hui, ces « policiers » des prix en déroute ont finalement déserté le terrain après s’y être enlisés face à la détermination des commerçants véreux. En effet, chaque vendeur pratique des prix à sa propre guise sans être inquiété. Comme quoi, les mesures de baisse prises par le président Macky Sall ont été lamentablement « abrogées » par la vérité des prix. Ou alors la réalité du terrain telle qu’imposée par les commerçants spéculateurs qui dictent leur loi aux pauvres consommateurs laissés à eux-mêmes. D’où la posture d’impuissance des contrôleurs qui ont laissé libre-cours à la flambée des prix.

Une source autorisée de la Direction du Commerce intérieur jointe par « Le Témoin » tient d’abord à féliciter et à motiver les agents du Contrôle économique qui ont réalisé de belles opérations de saisies dans le sens de faire appliquer les nouveaux tarifs décidés par le gouvernement en mars dernier. « Malheureusement, la vérité des prix — ou, plutôt, la loi des commerçants — a fini par déjouer le plan social du gouvernement dans sa volonté de soulager les ménagères » se désole un des cadres de la Direction du commerce intérieur avant de rappeler l’effort exceptionnel consenti par le gouvernement en renonçant à des droits de douane et de tva de 97 milliards cfa pour atténuer le coût de la vie pour les Sénégalais. Le gouvernement qui s’est aussi saigné à blanc pour maintenir les prix de l’électricité et des autres hydrocarbures en les subventionnant à hauteur de 500 milliards de francs. Cela venant s’ajouter, bien sûr, aux 157 milliards F Cfa de soutien aux prix des denrées de premières nécessité (blé, sucre, huile, riz.). Sans compter les transferts monétaires de 43 milliards de frs au profit de 557.000 ménages qui ont reçu 80.000 frs pour chaque ménage. « Malgré toutes ces subventions et autres renonciations aux droits et taxes par l’Etat, la hausse des prix reste conséquente. Car tous les pays de la sous-région ont appliqué la vérité des prix sur tous les produits à savoir le ciment, l’essence, les denrées alimentaires etc. Une situation aggravée par la guerre en Ukraine après le Covid 19. Sans oublier une conjoncture économique défavorable.  Donc la seule solution pour éviter ce genre de flambée à l’avenir, c’est de travailler à la disponibilité des produits de base et changer de modes de production et de consommation. C’est-à-dire  produire  plus  et  mieux,  consommer local tout en boostant les productions de riz surtout avec la subvention de 162 cfa/kilo sur le paddy etc. » indique cette source autorisée du ministère du Commerce. Au-delà de la hausse des prix de denrées de première nécessité, il est fortement probable qu’il y ait d’autres augmentations spectaculaires sur l’électricité et l’eau comme l’avait alerté le Syndicat unique des travailleurs de l’électricité (Sutelec).

Sur le gas-oil aussi sans doute, toutes ces mesures devant intervenir après les élections législatives de la fin de ce mois et la formation d’un nouveau gouvernement. « Vous venez de constater une augmentation sur le prix du super. Et cela va certainement impacter sur le  prix  du  kilowatt  parce  que  nous,  nous avons une production fossile à 80 %. Notre production du prix du kilowatt dépend en grande  partie  des  importations  en  carburant. Ce qui veut dire qu’aujourd’hui, les Sénégalais doivent s’attendre désormais à une éventuelle hausse sur le prix de l’électricité » avait prédit M. Habib Aidara, secrétaire général du Sutelec. Souhaitons que l’histoire ne lui donnera pas raison après les élections législatives du 31 juillet prochain. Mais, comme nous n’en sommes pas encore arrivés là, force est de constater en attendant que le gouvernement a capitulé face à l’artillerie de la hausse exagérée des prix déployée par les boutiquiers et commerçants. Une artillerie plus puissante encore que celle de l’armée russe !

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